Quel habitat durable pour demain ?


C’était la question posée par la chaire « Mutations et Innovations Territoriales » de la Fundazione di l’Università di Corsica, qui organisait le 2 février dernier des rencontres sur ce thème, en partenariat avec l’AUE.
La problématique soulevée : « Face aux défis du réchauffement climatique et de la crise énergétique, à l’épuisement des ressources, à la densification démographique des villes et au renouvellement des campagnes, le devenir de nos habitats est à la croisée d'enjeux environnementaux, humains et sociétaux. »
 

Retenu à Aiacciu pour la séance de l'Assemblée de Corse, le Président Julien Paolini est intervenu en visioconférence
Retenu à Aiacciu pour la séance de l'Assemblée de Corse, le Président Julien Paolini est intervenu en visioconférence
Des enjeux qui sont au centre des politiques publiques, comme l’a souligné le Président de l’AUE, Julien Paolini, dans son discours d’ouverture : « En 2023, des pas de géants ont été franchis dans le cadre des politiques en matière d’énergie et de transition écologique pour la Corse. Le lien entre habitat et énergie est évident mais cette thématique de l’habitat durable pour demain est à l’épicentre de divers sujets de politiques publiques dont j’ai la charge en tant que conseiller exécutif et Président de l’AUE ».
Et d’ajouter : « La PPE, votée l’an passé, va nous permettre de franchir un cap en matière de décarbonation d’ici 2028. Notre objectif est de doubler notre taux d’autonomie énergétique pour atteindre une part d’énergies renouvelables de 74% contre 30% aujourd’hui. »
Julien Paolini a également évoqué la révision du Padduc, projet de société qui, outre la préservation de l’environnement et le développement durable, devra aussi contribuer à repenser l’habitat. « Comment construire différemment en Corse aujourd’hui ? Comment optimiser nos ressources locales et réduire notre empreinte carbone ? Comment réduire considérablement l’artificialisation des sols dans les 10 années à venir ? Le PADDUC devra intégrer l’ensemble de ces problématiques », a-t-il rappelé.

Gérer intelligemment…

L’AUE est intervenue dans les ateliers, d’abord avec Melissa Leoni, chargée d’études en énergie. Celle-ci a contribué à répondre à la question de savoir comment la technologie peut être mise au service de l’habitat durable.
Elle a présenté le réseau Energia nostra dédié aux projets d’énergies renouvelables participatifs et citoyens corses, ainsi que le modèle émergent et tendanciel de l’autoconsommation collective. Les financements de l’AUE en lien avec la rénovation énergétique ont également été évoqués comme le dispositif ORELI pour les maisons individuelles et un appel à projets visant les bâtiments collectifs (publics/privés).

…et repenser l’habitat

Ghjulia-Maria Defranchi, Cheffe du département Urbanisme, a, elle, participé à l’atelier « Comment habiter mieux à l’heure de la sobriété foncière ?
Elle a rappelé que, parler d’habitat durable, nécessite d’aborder cette question au-delà du prisme architectural. En effet, « on ne peut pas ignorer la « situation durable » de l’habitat, c’est-à-dire sa localisation :  proche des transports, intégrée à l’environnement et adaptée au changement climatique. Mobiliser le bâti existant doit aussi être une priorité face à la construction neuve, aussi performante soit-elle. N’oublions pas que l’habitat traditionnel est source de nombreux enseignements. De même, un habitat durable doit être accessible financièrement aux ménages corses. Peut-être faut-il utiliser de nouvelles formes d’accès à la propriété et imaginer un système permettant aux communes par exemple de mobiliser le bâti existant et inutilisé afin de produire du logement ? »
Ghjulia-Maria Defranchi a conclu son propos avec une réflexion plus globale : « Peut-on parler d’habitat durable sans développement économique durable ? Si les habitants s’alimentent avec des produits importés, si l’habitat lui-même est conçu ou rénové par des ressources extérieures, avec des matériaux venus d’ailleurs, le système lui-même est-il durable ? »

Au cours de cette journée, les partenaires ont appréhendé l’habitat dans sa globalité, de sa construction à sa destruction en passant par son utilisation tout au long de sa vie. Ils ont ainsi posé les bases d’une réflexion vouée à se poursuivre.