L'AUE lance une étude sur l'hydrogène, alternative d’avenir pour la Corse


L’Agence a lancé une étude dont l’objectif est d’étudier la possibilité pour la Corse d’utiliser l’hydrogène pour atteindre ses objectifs de neutralité carbone et d’indépendance énergétique en 2050. En un temps très contraint, grâce à la mobilisation des membres du comité technique (ADEC, DREAL, ADEME, CCI, Cap'Energie, Université de Corse, France Hydrogène, EDF), des acteurs de la filière et des consommateurs cibles (transporteurs mobilité lourde, municipalité, ports et aéroports, opérateurs réseau), l’étude a permis de préciser le besoin potentiel en hydrogène pour 2050. Un outil de modélisation permettant des analyses de sensibilité et des ajustements en fonction de la conjoncture est à disposition de l’AUE. Une feuille de route stratégique a été proposée pour permettre à l’île de se doter des moyens nécessaires à l’accompagnement du développement de la filière. Une synthèse à destination du grand public sera prochainement mise en ligne.

L’hydrogène, une nouvelle option prometteuse…

En Corse, le Schéma Régional Climat, Air, Energie (SRCAE) et la Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE) fixent un double objectif poursuivi à horizon 2050 : indépendance énergétique et neutralité carbone. Dans les zones non interconnectées (ZNI) comme notre île, il est à la fois plus sensible et complexe à atteindre. Notre mix énergétique repose sur un triptyque : centrales aux hydrocarbures, énergies renouvelables et interconnexion avec l’Italie. Ce système est donc émetteur de CO2 et dépendant des importations extérieures (hydrocarbure & électricité).
 
Une des solutions envisagées par les ZNI pour décarboner ce mix est de s’appuyer sur l’hydrogène, produit localement à partir de sources d’énergie renouvelable. On parle alors d’hydrogène « vert ». Celui-ci est produit par électrolyse de l’eau et peut ensuite être utilisé pour :
  • Produire à nouveau de l’électricité (via Pila à Combustibles « PAC »),
  • Des usages industriels ou chaleur (il est alors brulé mais n’émet pas de CO2 pendant sa combustion),
  • Être utilisé pour la mobilité de façon thermique ou électrique (PAC embarquée dans le véhicule),
  • Être injecté directement dans le réseau gaz, mélangé au méthane du gaz naturel jusqu’à hauteur de 20%. 

L’hydrogène présente donc une flexibilité intéressante. C’est un vecteur énergétique qui n’émet pas de gaz à effet de serre et permet de faire communiquer les réseaux électriques et gaz. Il peut être transporté sous différentes formes (gaz, liquide et bientôt solide). Les programmes nationaux et européens prévoient d’en faire un pilier de la transition énergétique : le niveau d’ambition est important, les budgets qui y sont consacrés aussi.  
 
Compte tenu de leur situation, les ZNI fondent beaucoup d’espoir sur son développement pour les aider à atteindre leurs objectifs malgré les contraintes de leur isolement. 

… à coût encore élevé.

Pourtant l’hydrogène n’est pas non plus une solution miracle. Ses coûts de production sont très élevés compte tenu du faible rendement de la chaîne de production, notamment lorsqu’on l’utilise pour produire de l’électricité. Il est ainsi souvent en concurrence avec des solutions plus efficaces : la batterie électrique pour la mobilité légère, la batterie stationnaire électro-chimique pour le soutien réseau. L’équation économique des projets est donc souvent difficile à trouver car la filière n’est pas encore mature ni en termes de réglementation, ni en termes d’économies d’échelle.